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Kurt Browning – Comme j’ai été chanceux (How Lucky I Was)
Je n’ai jamais oublié qu’un public de 7000 personnes, ce n’est pas juste 7000 personnes, c’est 7000 histoires différentes de gens qui sont sortis de leur quotidien pour passer un moment avec la troupe.
L’auteur a été quadruple champion du monde en patinage artistique, a participé à trois Jeux olympiques et a été le premier patineur à réussir un quadruple saut en compétition. Il vient de mettre un terme à sa carrière professionnelle de 30 ans avec les spectacles Étoiles sur glace.
Source: |
Radio-Canada |
Date: |
December 4, 2023 |
Author: |
KURT |
(English translation below)
Un jour, lors d’une compétition, je crois qu’il s’agissait des
Championnats canadiens juniors, je me souviens d’arriver à l’aréna et,
avant d’entrer, mon père me dit : "Regarde!"
Je ne comprenais pas, je cherchais ce que je devais voir.
Mon père me dit : "Les voitures."
Et moi, en jeune insolent, je lui réponds : "Oui, c’est un
stationnement, c’est habituellement rempli de voitures."
Il m’a alors regardé et m’a dit : "Tu sais, ces voitures ne sont pas
arrivées toutes seules. Elles ont été conduites par quelqu’un, qui a
probablement payé pour l’essence et le stationnement. Cette personne
est probablement accompagnée de membres de sa famille. Ils sont
entrés, ils ont payé leurs billets, peut-être qu’ils ont aussi
commandé un hot-dog et un café. Ils ont pris du temps dans leur vie
pour être ici et te regarder patiner."
"Ne viens pas saboter tout ça."
Je ne l’ai jamais oublié.
Plus de 30 ans après ma première participation à un spectacle
d’Étoiles sur glace, à 56, presque 57 ans, j’ai donné mes derniers
coups de patin avec cette troupe le 4 juin 2023 dans un aréna de
Hershey, en Pennsylvanie.
J’étais le dernier solo avant le numéro final et l’on m’avait réservé
une petite surprise. Ce que l’on appelle le tunnel, mais qui n’est en
fait que des rideaux que l’on ouvre pour laisser entrer ou sortir les
patineurs, est habituellement tenu fermé. Mais cette fois, Bobby, un
technicien, avait laissé le rideau du tunnel grand ouvert. Je pouvais
voir tous les patineurs du spectacle, qui attendaient leur numéro, me
regarder et me sourire.
Lorsque je me suis joint à eux pour le numéro de la fin, je ne pensais
plus aux pas ou à la chorégraphie, je ne pouvais m’empêcher de me dire
: Je l’ai fait. J’étais si fier de moi, j’avais la grosse tête! Je me
sentais comme un super héros. En fait, j’avais l’impression d’avoir
gagné quelque chose.
J’étais fier de m’être rendu au bout, mais surtout d’avoir maintenu un
bon niveau de performance tout au long de ma carrière pour le
public. Ç’a toujours été important pour moi d’offrir le meilleur de
moi-même, soir après soir.
Au cours de ces 30 tournées, j’ai patiné dans 925
représentations. J’ai seulement raté la première partie d’un spectacle
parce que mon avion était en retard. N’écoutez pas les rumeurs, ce
n’était pas de ma faute!
Quelle chance ai-je eue qu’aucun virus ni blessure ne m’ont empêché
d’être sur la glace et de faire mon travail!
Quelle chance j’ai aussi d’avoir une génétique qui m’a permis de tenir
ce rythme jusqu’au bout. Je dois avouer que, jusqu’à tout récemment,
je ne me suis jamais vraiment entraîné et je n’ai jamais suivi un
programme particulier pour rester en forme. J’ai toujours aimé bouger,
jouer au tennis, au hockey, lancer un ballon de football, faire du
vélo. La plupart du temps, ça inclut des amis et de la bière. Je dois
remercier mes parents pour cette génétique d’athlète.
Même si je n’ai pas douté que cette tournée serait la dernière, je
crois que la vie m’a envoyé un signe que j’avais pris la bonne
décision. Le 2 juin, lors du spectacle à Baltimore, je suis tombé en
faisant mon saut périlleux arrière. Ce saut que j’effectue sans penser
et qui faisait encore fièrement partie de mon répertoire. Avec les
années, il avait bien perdu un peu d’amplitude et la rotation était
moins rapide. Mais ce soir-là, la plupart des patineurs peuvent en
témoigner, la glace était dure et cassante.
Quand j’ai piqué pour m’élancer vers l’arrière, la glace s’est brisée,
avec le résultat que mon saut, qui n’était déjà plus très haut, s’est
retrouvé encore plus bas qu’à l’habitude. Je n’avais plus assez
d’amplitude et les dents de mes patins n’ont pas mordu suffisamment
dans la glace pour compléter l'atterrissage. J’étais tellement vers
l’avant que je suis tombé et c’est mon visage qui a encaissé le
coup.
Je me suis mis à saigner, mais il ne restait que quelques secondes au
solo et j’ai rapidement salué la foule avant de retourner en
coulisses. Le sang coulait maintenant à flots, on m’épongeait le
visage en catastrophe en plus de m’insérer des mouchoirs dans le nez
puisque je devais enlever mon costume beige, pour en remettre un
autre… blanc! Et tout ça en trois minutes.
Je riais lorsque j’ai commencé le numéro suivant avec le nez rempli de
mouchoirs. C’était certainement une première pour moi.
J’ai donc décidé de retirer le saut périlleux arrière de mes numéros
pour les deux derniers spectacles. L’humilité a gagné cette
bataille. J’ai terminé ma dernière tournée avec le visage tuméfié et
égratigné, j’avais l’air d’un dur à cuir.
Malgré les égratignures et le sang, j’étais tellement heureux. J’ai
participé à mon dernier spectacle deux semaines avant de fêter mes 57
ans et j’avais réussi à garder une forme physique d’un assez bon
niveau, qui me permettait de bouger confortablement et de donner une
bonne performance.
C’était le plus important.
Je ne me souviens plus très bien de la façon dont on m’a approché pour
faire partie du spectacle Étoiles sur glace. Au début des années 1990,
j’étais déjà champion du monde et c’était juste logique que j’intègre
la tournée, ce n’était pas une surprise. J’avais même déjà fait
quelques apparitions lors des tournées précédentes.
Ce dont je me souviens très bien toutefois, c’est d’aller voir le
spectacle à Buffalo, en voiture, avec Kevin Albrecht, mon agent de
l’époque. J’ai encore en tête l’image du numéro de Scott Hamilton,
quadruple champion du monde et médaillé d’or olympique en 1984 et qui
est aussi l’un des concepteurs et producteurs d’Étoiles sur
glace.
Surtout, Scott est un ami et un modèle pour moi.
Je le revois patiner, si ma mémoire est bonne, sur Georgia on my Mind
de Ray Charles. Il était vêtu d’une chemise rouge et d’un jeans, une
petite table avec une radio déposée dessus lui servait d’accessoires
sur la glace. Il interprétait un homme en peine d’amour, c’était un
numéro très touchant et émouvant.
Et lors d’un autre numéro, il s’est lancé dans un incroyable jeu de
pieds dont lui seul est capable et il a fait tout le tour de la
glace.
Et ça m’a frappé. Je me suis dit : "Je veux faire ça!"
Lorsque j’ai commencé les tournées avec Étoiles sur
glace, je n’avais pas de plan précis. Je me souviens que
Kristi Yamaguchi disait : "Je le fais 10 ans et ensuite, c’est fini."
Je ne comprenais pas comment elle pouvait savoir ce qu’elle ferait
dans 10 ans, mais elle a suivi son plan.
Dans mon cas, la curiosité était toujours là et je pensais constamment
à la chance que j’avais.
Mon père, encore lui, m’a dit un jour : "Tu es chanceux de pouvoir
vivre, en tant qu’adulte, de la passion que tu avais enfant."
Il avait tellement raison. Je suis tombé amoureux d’un sport, j’ai eu
la chance d’être assez bon pour avoir du succès et d’en faire mon
travail.
Un travail qui a été une longue histoire d’amour avec le public, la
musique, la création de chorégraphies, l’aspect physique et, surtout,
l’amitié.
En trois décennies, j’ai eu la chance de partager la glace avec de
nombreux amis : Scott Hamilton, Brian Orser, Toller Cranston, Josée
Chouinard, Kristi Yamaguchi, Joannie Rochette, Patrick Chan, Elvis
Stojko, Donald Jackson et tellement d’autres.
Je ne garde pas en mémoire toutes les chorégraphies ou les détails des
tournées, mais j’ai en tête tellement d’anecdotes. Comme la fois où, à
Winnipeg, Josée Chouinard a raté une carre et s’est retrouvée coincée
sous les chaises des spectateurs de la première rangée.
Je me souviens d’essayer d’avoir l’air cool avec Elvis Stojko et Brian
Orser lorsque l’on patinait sur une chanson hip-hop dans les années
1990.
Je me rappelle m’être dit : "Je suis une f****** rock star" pendant
que l’on performait sur une chanson des Rolling Stones devant 16 000
personnes qui criaient à tout rompre à Toronto.
Étoiles sur glace, c’était aussi le bonheur de jouer des
personnages, d’être Gene Kelly dans Singing in the Rain,
ou un roi du funk en patinant sur Brick House des
Commodores.
J’ai en tête un numéro où la chorégraphe Sandra Bezic me faisait
commencer tout juste à l’entrée du tunnel. J’étais vêtu d’un smoking
blanc et tous les projecteurs m’éclairaient de devant, mais aussi de
l’arrière. Je ne voyais presque rien, mais c’était magique. J’étais
plus grand que nature.
Sandra ne nous voyait pas seulement comme des athlètes, mais comme de
vrais artistes. La possibilité de jouer des personnages est ce qui m’a
fait sentir dès le départ comme chez-moi.
Et lors de l’ultime et dernière tournée, j’ai pu faire un duo avec
Elvis Stojko. Nous avons été compétiteurs il y a bien longtemps, mais
nous nous sommes toujours respectés. Nous avions déjà fait un numéro
ensemble où l’on se défiait, avec un sourire en coin. C’était lors du
gala des champions après les mondiaux de 1993 (que j’avais remportés
tout juste devant lui d’ailleurs) et nous avions toujours eu le désir
de le refaire. L’occasion s’est imposée d’elle-même lors de ma
dernière tournée.
Le chorégraphe Jeffrey Buttle nous a littéralement laissés faire ce
que l’on voulait. Nous avions des micros et l’on faisait des blagues
avec la foule alors que l’écran géant sur la glace montrait quelques
extraits de nos chorégraphies de compétition des années 1990. Nous
avons refait quelques extraits du solo d’Elvis sur la musique du film
Dragon, l’histoire de Bruce Lee, et il s’est joint à moi
pour quelques pas de ma chorégraphie tirée du film
Casablanca<,/B>. Nous avons toujours été à l’opposé, mais
toujours complices.
Ces moments sont gravés dans ma mémoire, tout comme les discussions
que nous avons eues, Elvis et moi, après les spectacles, les pieds
dans le spa, seul à seul parce que nous étions les deux plus vieux de
la tournée et que tous les autres étaient partis faire la fête.
Je mentirais si je disais que ç’a toujours été facile. Patiner avec
des blessures est la première chose qui me vient à l’esprit. Mais
certaines années, le groupe de patineurs était aussi moins uni et ça
me faisait réaliser toute la chance que nous avions les années où
Étoiles sur glace était ni plus ni moins qu’une
famille.
Et aussi, lorsqu'un événement malheureux frappait à la maison et que
j’étais coincé avec la tournée, à voyager de ville en ville, je me
sentais tellement loin. C’était un sentiment horrible. Je me sentais
coupable de continuer à gagner de l’argent en faisant quelque chose de
si amusant. Quand ma mère est tombée malade ou juste lorsque mes
enfants étaient petits et que je ratais tellement de beaux moments à
la maison, le plaisir était moins présent. Ce n’était plus la même
chose.
J’ai tenté de prendre ma retraite avant 2023. Deux fois pour être
précis.
En 2015, j’étais le chorégraphe de la tournée et j’avais le sentiment
qu’il était temps de tirer ma révérence. J’en ai profité pour intégrer
quelques éléments qui étaient en quelque sorte des "au revoir."
J’adorais mon solo sur Brick House, alors j’en ai fait
une chorégraphie de groupe avec les autres patineurs masculins de la
tournée. J’ai aussi ramené mon personnage de Raggy le clown le temps
de dessiner une fleur sur la glace. Ce personnage a toujours été si
important pour moi.
Je n’ai pas vraiment annoncé ma retraite, mais les patineurs avaient
compris les messages que j’avais parsemés ici et là. J’ai même fait un
discours lors du dernier spectacle à Vancouver.
Puis, l’année suivante, j’ai fait quelques spectacles comme invité
spécial. Je ne me souviens plus trop pourquoi, je crois qu’on m’a
juste demandé si ça m’intéressait et j’ai répondu : "Oui."
J’étais encore une fois de la tournée en 2017, j’imagine que c’est
parce que j’étais tout simplement incapable de dire au revoir.
En 2018, la tournée comptait tellement de médaillés olympiques, un
médaillé d’or ici, un autre là. Avec toutes ces supervedettes, ça m’a
semblé le meilleur moment pour céder ma place.
En plus, je commençais à m’inquiéter que mon corps ne suivrait plus la
cadence. J’ai décliné l’invitation cette année-là, et je me rappelle
être assis dans les gradins à Toronto et regarder fièrement mon ami
Elvis Stojko faire un parfait triple lutz et me dire : "Ce spectacle
est incroyable, mais je suis en paix de ne plus en faire
partie."
Jusqu’à ce que je reçoive un appel, encore.
L’année suivante, Tessa Virtue et Scott Moir ont quitté Étoiles sur
glace pour faire leur propre spectacle. Le producteur m’a donc demandé
: "Tu pourrais revenir… s’il vous plaît?" Et j’ai accepté.
Puis la pandémie est arrivée et je ne voulais pas que ça se termine de
cette façon, avec les spectacles annulés. Et finalement, ces dernières
années, j’ai eu la chance de patiner avec ma femme, la patineuse
américaine Alissa Czisny. Le fait de pouvoir partager ces moments
incroyables avec elle m'a poussé à continuer, juste un peu.
Je dois dire que la pause forcée de la pandémie m’a permis de me
préparer à la retraite. Tout ce temps passé loin de la glace m’a fait
réaliser ce que serait ma vie après la tournée. J’ai aussi pu me
replonger dans ces boîtes de photos, de vieux programmes ou de
costumes que j'accumule depuis le début de ma carrière.
Ça m’a permis de replacer, dans mon esprit, tous ces souvenirs et ces
bons moments que j’ai vécus et qui se bousculent. Pour la première
fois, j’ai accroché des photos au mur, un témoignage de mon riche
passé de patineur.
J’ai fait la même chose avec ma collection de chapeaux. C’est un
élément de costume très important pour moi, probablement parce que je
suis devenu chauve assez jeune, mais aussi parce qu’un chapeau offre
beaucoup d'options à un artiste.
J’en ai plus d’une dizaine accrochés à un mur, et ce n’est pas
seulement pour la décoration, je les porte dans la vie de tous les
jours. Ils ont chacun une histoire à raconter.
Oui, j’étais prêt pour la retraite, j’approche la soixantaine après
tout. Mais j’ai eu un grand coup d’émotion à mon dernier spectacle à
Toronto, ma ville d’adoption depuis plusieurs années.
La production m’avait permis d’inviter autant de gens que je voulais
et, incroyablement, 63 personnes de mon entourage étaient
présentes. J’avais donc un lien important avec les spectateurs ce
soir-là, parce qu’ils étaient mes invités. Pour terminer la première
partie, le chorégraphe Jeffrey Buttle avait créé un moment spécial où
j’allais faire une accolade à chaque patineur de la tournée. Ils
étaient tous sur la glace. Je quittais par la suite la glace, seul. Ce
moment était un vrai cadeau de la part de Jeff.
Ce soir-là, je suis resté dans le tunnel et lorsque les lumières se
sont éteintes, et les autres patineurs sont venus me
rejoindre. Instinctivement, ils se sont tous serrés autour de moi, en
silence, en me faisant une accolade, pendant que je pleurais.
J’ai encore les larmes aux yeux quand j’y pense.
Tous ces gens étaient tellement importants pour moi et ils
représentaient, en quelque sorte, toutes les personnes que j’avais
côtoyées au cours de ces plus de 30 ans. J’avais un lien si fort avec
Étoiles sur glace, je réalisais qu’une grande partie de
moi changeait et me quittait.
Cette nuit-là, j’ai beaucoup pleuré.
Au cours de cette dernière tournée, j’ai reçu tellement d’amour. Du
public, bien sûr. On m’a raconté des tonnes d’histoires personnelles
liées à la tournée. Combien de fois j’ai entendu, au moment de signer
des autographes : "Ma mère (ou ma sœur, peu importe) aurait tellement
aimé être ici en ce moment." Des spectateurs portaient des chandails
des tournées précédentes. J’en ai même vu de 1993.
Au cours des années, j’ai pris l’habitude, une vingtaine de minutes
avant le début du spectacle, d’aller me promener dans les gradins ou
autour des concessions pour croiser les spectateurs, pour leur
parler. Certains soirs, on me reconnaissait, d’autres fois, non. Mais
ça m’aidait à être dans le moment présent. Je savais pour qui je
patinais. J’avais toujours une pensée pour mon père et pour ce jour où
il m’avait fait comprendre de ne jamais tenir le public pour
acquis.
Et je n’ai jamais oublié qu’un public de 7000 personnes, ce n’est pas
juste 7000 personnes, c’est 7000 histoires différentes de gens qui
sont sortis de leur quotidien pour passer un moment avec la troupe
d’Étoiles sur glace. D’une certaine façon, ça me permettait de ne
jamais me sentir seul.
J’ai aussi reçu de l’amour d’endroits dont je ne m’attendais
pas.
Après mon dernier spectacle, le danseur sur glace américain Evan
Bates, avec qui je n’avais pas fait de tournée auparavant et que je ne
connaissais pas beaucoup, m’a raconté à quel point il m’admirait
lorsqu’il était petit garçon. Ce qu’il m’a dit m’a fait
pleurer.
Patrick Chan aussi, dont la tournée canadienne marquait, en quelque
sorte, un retour. Son genou tenait le coup et il était tellement
heureux. Un soir, on prenait une bière en regardant un match des Maple
Leafs, et il m’a avoué à quel point j’avais été important dans sa vie
de patineur.
J’ai vécu beaucoup de beaux moments comme ceux-là qui m’ont permis de
mesurer l’impact que j’avais eu au fil de ces années, et qui se
poursuivra, je l’espère.
J’ai patiné dans mon dernier numéro d’Étoiles sur glace, mais
j’aimerais bien rester dans la grande famille. Je lance ça un peu dans
l’univers, sans confirmation de la production, mais je sens que j’ai
encore des choses à offrir, comme chorégraphe, je l’ai déjà fait, ou
mentor. On verra.
Lorsque Scott Hamilton a développé Étoiles sur glace, il
a expliqué qu’il voulait créer un endroit où les champions du monde
deviendraient encore meilleurs, et c’est réellement ce qui s’est
produit pour moi. Je veux redonner aux jeunes patineurs et leur
permettre d’être des artistes et pas seulement des athlètes.
J’aimerais aussi pousser le public à dépasser ses limites et faire
découvrir aux spectateurs de nouveaux univers créatifs. C’est mon
prochain défi.
Après 30 ans, le chapitre de ma vie comme patineur d’Étoiles sur
glace se termine.
Lorsque l’on gagne des Championnats du monde ou une médaille
olympique, c’est l’euphorie pendant quelques jours et l’on retombe sur
terre.
Étoiles sur glace, ç’a été la fête pendant trois
décennies. J’ai l’impression d’avoir gagné la Coupe Stanley encore et
encore.
Comme j’ai été chanceux!
English Translation via Google Translate
Kurt Browning – How Lucky I Was
"I have never forgotten that an audience of 7,000 people is not just
7,000 people, it is 7,000 different stories of people who came out of
their daily lives to spend a moment with the troupe."
Signed by Kurt Browning
published on December 4, 2023
The author was a four-time world champion in figure
skating, competed in three Olympic Games, and was the first skater to
land a quadruple jump in competition. He has just ended his 30-year
professional career with the Stars on Ice shows
.
One day, during a competition, I think it was the Canadian Junior
Championships, I remember arriving at the arena and, before entering,
my father said to me: "Look!"
I didn't understand, I was looking for what I should see.
My father said to me: "Cars."
And I, like an insolent young person, answer him: "Yes, it's a parking
lot, it's usually full of cars."
He then looked at me and said: "You know, these cars didn't arrive by
themselves. They were driven by someone, who probably paid for gas and
parking. This person is probably accompanied by family members. They
came in, they paid for their tickets, maybe they also ordered a hot
dog and a coffee. They took time out of their lives to be here and
watch you skate."
"Don't come and sabotage this."
I never forgot it.
More than 30 years after my first participation in a Stars on Ice show
, at 56, almost 57 years old, I gave my last skates with this troupe
on June 4, 2023 in an arena in Hershey, Pennsylvania.
I was the last solo before the final number and they had a little
surprise in store for me. What we call the tunnel, but which is in
fact just curtains that are opened to let skaters in or out, is
usually kept closed. But this time, Bobby, a technician, had left the
tunnel curtain wide open. I could see all the skaters in the show, who
were waiting for their number, looking at me and smiling.
When I joined them for the final number, I was no longer thinking
about the steps or the choreography, I couldn't help but say to
myself: "I did it." I was so proud of myself, I had a big head! I felt
like a superhero. In fact, I felt like I had won something.
I was proud to have made it to the end, but above all to have
maintained a good level of performance throughout my career for the
public. It has always been important for me to give the best of
myself, night after night.
During these 30 tours, I skated in 925 performances. I only missed the
first part of a show because my plane was late. Don't listen to the
rumors, it wasn't my fault!
How lucky was I that no virus or injury stopped me from being on the
ice and doing my job!
How lucky I am also to have genetics that allowed me to keep up this
pace until the end. I have to admit that, until recently, I never
really worked out or followed a particular program to stay in shape. I
have always loved moving, playing tennis, hockey, throwing a football,
cycling. Most of the time, that includes friends and beer. I have my
parents to thank for this athletic genetics.
Although I had no doubt that this tour would be the last, I believe
that life sent me a sign that I had made the right decision. On June
2, during the show in Baltimore, I fell while doing my backflip. This
jump that I perform without thinking and which was still proudly part
of my repertoire. Over the years, it had lost a little amplitude and
the rotation was slower. But that night, as most skaters can attest,
the ice was hard and brittle.
When I dived to jump backwards, the ice broke, with the result that my
jump, which was already not very high, ended up even lower than usual
. I no longer had enough amplitude and the teeth of my skates did not
bite into the ice enough to complete the landing. I was so far forward
that I fell and it was my face that took the blow.
I started bleeding, but there were only seconds left in the solo and I
quickly waved to the crowd before heading backstage. The blood was now
flowing freely, they were mopping my face in a hurry in addition to
inserting tissues into my nose since I had to take off my beige suit,
to put on another one… white! And all this in three minutes.
I was laughing as I started the next number with a nose full of
tissues. This was definitely a first for me.
So I decided to remove the backflip from my numbers for the last two
shows. Humility won this battle. I finished my last tour with a
bruised and scratched face, I looked like a badass.
Despite the scratches and blood, I was so happy. I participated in my
last show two weeks before celebrating my 57th birthday and I had
managed to maintain a fairly good level of physical fitness, which
allowed me to move comfortably and give a good performance.
That was the most important thing.
I don't remember very well how I was approached to be part of the show
Stars on Ice . In the early 1990s, I was already world champion and it
just made sense that I joined the tour, it was no surprise. I had even
made a few appearances on previous tours.
What I remember very well, however, is driving to see the show in
Buffalo with Kevin Albrecht, my agent at the time. I still have in my
mind the image of the number by Scott Hamilton, quadruple world
champion and Olympic gold medalist in 1984 and who is also one of the
designers and producers of Stars on Ice .
Above all, Scott is a friend and a role model to me.
I see him skating again, if memory serves, to Georgia on my
Mind by Ray Charles. He was dressed in a red shirt and jeans,
a small table with a radio placed on it served as accessories on the
ice. He played a man in love, it was a very touching and moving
number.
And during another number, he launched into an incredible footwork
that only he is capable of and he went all the way around the
ice.
And it hit me. I said to myself: "I want to do that!"
When I started touring with Stars on Ice , I didn't have a specific
plan. I remember Kristi Yamaguchi saying: "I do it for 10 years and
then it's over." I didn't understand how she knew what she would be
doing in 10 years, but she followed her plan.
In my case, the curiosity was always there and I constantly thought
about how lucky I was.
My father, again, said to me one day: "You are lucky to be able to
live, as an adult, from the passion you had as a child."
He was so right. I fell in love with a sport, was lucky enough to be
good enough to be successful and make it my job.
A work that has been a long love affair with the public, music, the
creation of choreographies, the physical aspect and, above all,
friendship.
Over three decades, I have had the chance to share the ice with many
friends: Scott Hamilton, Brian Orser, Toller Cranston, Josée
Chouinard, Kristi Yamaguchi, Joannie Rochette, Patrick Chan, Elvis
Stojko, Donald Jackson and so many others .
I don't remember all the choreography or the details of the tours, but
I have so many anecdotes in mind. Like the time when, in Winnipeg,
Josée Chouinard missed an edge and found herself stuck under the
chairs of the spectators in the first row.
I remember trying to look cool with Elvis Stojko and Brian Orser while
skating to a hip-hop song in the 1990s.
I remember thinking, "I'm a f****** rock star" while we were
performing to a Rolling Stones song in front of 16,000 screaming
people in Toronto.
Stars on Ice was also the joy of playing characters, of being Gene
Kelly in Singing in the Rain , or a king of funk skating
to Brick House by the Commodores.
I have in mind a number where the choreographer Sandra Bezic had me
start right at the entrance to the tunnel. I was dressed in a white
tuxedo and all the spotlights were shining on me from the front, but
also from the back. I barely saw anything, but it was magical. I was
larger than life.
Sandra saw us not just as athletes, but as true artists. The ability
to play characters is what made it feel like home to me from the
start.
And during the final and final tour, I was able to do a duet with
Elvis Stojko. We were competitors a long time ago, but we always
respected each other. We had already done a number together where we
challenged each other, with a smirk. It was during the champions' gala
after the 1993 world championships (which I won just ahead of him) and
we had always wanted to do it again. The opportunity presented itself
during my last tour.
Choreographer Jeffrey Buttle literally let us do whatever we
wanted. We had microphones and we were making jokes with the crowd
while the giant screen on the ice showed some excerpts from our
competition choreographies from the 1990s. We re-did some excerpts
from Elvis' solo to the music from the film Dragon, the story of
Bruce Lee , and he joined me for a few steps of my
choreography from the film Casablanca . We have always
been opposites, but always complicit.
These moments are etched in my memory, just like the discussions Elvis
and I had after the shows, with our feet in the spa, alone because we
were the two oldest on the tour and everyone else had gone to
party.
I'd be lying if I said it was always easy. Skating with injuries is
the first thing that comes to mind. But some years, the group of
skaters was also less united and that made me realize how lucky we
were in the years when Stars on Ice was nothing more and
nothing less than a family.
And also, when an unfortunate event hit home and I was stuck with the
tour, traveling from city to city, I felt so far away. It was a
horrible feeling. I felt guilty for continuing to make money doing
something so fun. When my mother got sick or just when my children
were little and I missed so many beautiful moments at home, the
pleasure was less present. It was no longer the same thing.
I tried to retire before 2023. Twice to be precise.
In 2015, I was the tour choreographer and felt like it was time to bow
out. I took the opportunity to integrate a few elements which were a
sort of "goodbye". I loved my solo on Brick House, so I
made it a group choreography with the other male skaters on the
tour. I also brought back my Raggy the Clown character for the time to
draw a flower on the ice cream. This character has always been so
important to me.
I didn't really announce my retirement, but the skaters understood the
messages I had sprinkled here and there. I even gave a speech at the
last show in Vancouver.
Then, the following year, I did a few shows as a special guest. I
don't really remember why, I think I was just asked if I was
interested and I said: "Yes."
I was on tour again in 2017, I guess it's because I just couldn't say
goodbye.
In 2018, the tour had so many Olympic medalists, a gold medalist here,
another there. With all these superstars, it seemed like the best time
to give up my seat.
Plus, I was starting to worry that my body wouldn't keep up. I
declined the invitation that year, and I remember sitting in the
stands in Toronto and proudly watching my friend Elvis Stojko do a
perfect triple lutz and thinking: "This show is incredible, but I'm at
peace no longer be part of it."
Until I got a call, again.
The following year, Tessa Virtue and Scott Moir left Stars on
Ice to do their own show. So the producer asked me: "Could you
come back... please?" And I accepted.
Then the pandemic happened and I didn't want it to end that way, with
the shows canceled. And finally, in recent years, I have had the
chance to skate with my wife, the American skater Alissa Czisny. Being
able to share these incredible moments with her pushed me to keep
going, just a little.
I must say that the forced pandemic break allowed me to prepare for
retirement. All this time away from the ice made me realize what my
life would be like after the tour. I was also able to delve back into
these boxes of photos, old programs or costumes that I have been
accumulating since the start of my career.
It allowed me to place, in my mind, all these memories and these good
times that I experienced and which are jostling. For the first time, I
hung photos on the wall, a testimony to my rich past as a
skater.
I did the same thing with my hat collection. It's a very important
costume element for me, probably because I went bald quite young, but
also because a hat gives a performer a lot of options.
I have more than ten hanging on a wall, and it's not just for
decoration, I wear them in everyday life. They each have a story to
tell.
Yes, I was ready for retirement, I'm approaching 60 after all. But I
had a great emotion at my last show in Toronto, my adopted city for
several years.
The production allowed me to invite as many people as I wanted and,
incredibly, 63 people from my entourage were present. So I had an
important connection with the spectators that evening, because they
were my guests. To end the first part, choreographer Jeffrey Buttle
created a special moment where I would hug each skater on the
tour. They were all on the ice. I then left the ice, alone. This
moment was a true gift from Jeff.
That evening I stayed in the tunnel and when the lights went out, the
other skaters came to join me. Instinctively, they all crowded around
me, in silence, hugging me, while I cried.
I still get tears in my eyes when I think about it.
All these people were so important to me and they represented, in a
way, all the people I had known over these 30-plus years. I had such a
strong connection to Stars on Ice, I realized that a big
part of me was changing and leaving me.
That night I cried a lot.
During this last tour, I received so much love. From the public, of
course. I've been told tons of personal stories related to the
tour. How many times have I heard, when signing autographs: "My mother
(or my sister, whatever) would have loved to be here right now."
Spectators wore jerseys from previous tours. I even saw some from
1993.
Over the years, I got into the habit, about twenty minutes before the
start of the show, of going for a walk in the stands or around the
concessions to meet the spectators, to talk to them. Some evenings, I
was recognized, other times, not. But it helped me be in the present
moment. I knew who I was skating for. I always had a thought for my
father and for that day when he made me understand to never take the
public for granted.
And I have never forgotten that an audience of 7,000 people is not
just 7,000 people, it is 7,000 different stories of people who came
out of their daily lives to spend a moment with the troupe of
Stars on Ice. In a way, it allowed me to never feel
alone.
I also received love from places I didn't expect.
After my last show, American ice dancer Evan Bates, who I hadn't
toured with before and didn't know much about, told me how much he
admired me when he was a little boy. What he said to me made me
cry.
Patrick Chan too, whose Canadian tour marked, in a way, a return. His
knee was holding up and he was so happy. One evening, we were having a
beer while watching a Maple Leafs game, and he told me how important I
had been in his skating life.
I have experienced many beautiful moments like these which allowed me
to measure the impact I had had over these years, and which will
continue, I hope.
I skated in my last issue of Stars on Ice, but I would
like to stay with the big family. I'm throwing this out into the
universe a bit, without confirmation of production, but I feel that I
still have things to offer, as a choreographer, I've already done it,
or a mentor. We'll see.
When Scott Hamilton developed Stars on Ice , he
explained that he wanted to create a place where world champions would
become even better, and that's actually what happened for me. I want
to give back to young skaters and allow them to be artists and not
just athletes.
I would also like to push the public to go beyond their limits and
introduce spectators to new creative worlds. This is my next
challenge.
After 30 years, the chapter of my life as an Stars on
Ice skater ends.
When you win a World Championships or an Olympic medal, it's euphoria
for a few days and you come back to earth.
Stars on Ice was a party for three decades. I feel like
I've won the Stanley Cup over and over again.
How lucky I was!
Comments collected by Josie-Anne Taillon
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